Аннотация:Selon le recensement de la population 2020, 423 803 Maris vivaient alors sur le territoire de la Fédération de Russie, dont 246 560 dans la République de Mari El dont ils représentent 36,4 % de la population. La République de Mari El est l’une des 21 républiques composant la Fédération de Russie, elle est limitrophe de l’oblast de Nijni Novgorod à l’ouest, de celui de Kirov au nord et à l’est, de la République du Tatarstan au sud-est ainsi que celle de Tchouvachie au sud. Le reste des Maris – 41,9 % de la population totale des Maris dans la Fédération de Russie – vit en groupes compacts, dans les Républiques du Bachkortostan, du Tatarstan, d’Oudmourtie, et dans les oblasts de Kirov, Sverdlovsk, et Nijni Novgorod, ainsi que dans le kraï de Perm, et en groupes dispersés dans de nombreuses autres régions du pays. Toujours selon ce recensement, 60,5 % de la population marie de la Fédération de Russie parle sa langue ethnique.La langue marie est subdivisée en quatre dialectes : des prairies, des collines, de l’est, et celui du nord-ouest. Aux termes de la Constitution de la République de Mari El (chap. 1, art. 15) (Konstituciâ 1995), ainsi que de la loi Relative aux langues de la République de Mari El (chap. 1, art. 1) (Zakon 1995), la langue marie (celle des collines et des prairies) est, avec le russe, langue officielle d’État fédérale, la langue coofficielle de la République de Mari El. Il convient cependant de préciser ce que signifie l’expression « langue marie (des collines et des prairies) » telle qu’elle est énoncée dans la Loi fondamentale. S’agit-il des normes d’une variante commune, de composantes de la « structure interne de la langue », ou encore de deux langues indépendantes, à tout le moins sociolinguistiquement et légalement ?Un examen de la littérature de référence, à partir de 1938 (Bolʹšaâ sovetskaâ ènciklopediâ 1938), sur cette question nous informe que la reconnaissance de l’existence d’une langue ou bien de deux langues maries dépendait de la façon de considérer l’idiome des collines, soit comme l’un des dialectes du mari, soit comme une langue à part. La nomination de l’idiome des collines (un dialecte ou bien une langue) est ainsi liée à des raisons historiques et politiques, voire économiques. La reconnaissance juridique de l’idiome des collines, résultat d’une longue lutte politique, avec une formule assez vague, consacrée dans la Loi fondamentale de la République de Mari El en 1995, peut être considérée plutôt comme un compromis. D’autant plus que les nominations données par les locuteurs maris eux-mêmes, au cours d’une enquête sociolinguistique menée au moyen d’entretiens téléphoniques ou en face à face par l’auteure de ce chapitre au sein d’un échantillon d’une centaine de représentants de la communauté marie immigrée dans la région de Moscou, peuvent différer de la nomination officielle. Par exemple, d’après les résultats de cette enquête que nous abordons plus loin en détail, plus de la moitié des enquêtés de l’échantillon (56 %) pensent qu’il existe deux langues maris (mari des collines et mari des prairies), 24 % estiment que les langues maries sont « plusieurs : en tout cas, plus de deux », et seulement 20 % soutiennent l’idée que la langue marie est seule et unique. Ces nominations paraissent à l’évidence davantage dues à l’appartenance ethnique de l’enquêté qu’au statut juridique attribué à tel ou tel idiome.